Histoire de Cotignac et de la Sainte-Baume


Les apparitions de Notre-Dame à Cotignac

Au matin du 10 août 1519, Jean de la Baume gravit le mont Verdaille, dominant la plaine de Carcès au sud-ouest de Cotignac. Arrivé au sommet, ce pieux bucheron dépose sa hache, laisse glisser au sol sa besace et s’agenouille pour prier, élevant son cœur vers le Créateur avant de se mettre à l’ouvrage. A peine s'était-il relevé que, dans un tourbillon de lumière, lui apparait la Sainte Vierge Marie, tenant l’Enfant Jésus dans ses bras. A ses côtés, il reconnait Saint Bernard de Clairvaux, Sainte Catherine d’Alexandrie et l’Archange Saint Michel, dans son armure étincelante. Notre Dame est debout, les pieds sur un croissant de lune, et s'adresse à Jean en ces termes :

 

« Je suis la Vierge Marie. Allez dire au clergé et aux consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre-Dame de Grâces; et qu'on y vienne en procession, pour recevoir les dons que je veux y répandre. »

 

La vision disparait et laisse Jean troublé, croyant à une hallucination provoquée par la chaleur de l’été et décidant de n’en souffler mot à personne. Revenant le lendemain terminer son travail, et après s’être mis à genoux dans une prière plus fervente encore, le miracle de la veille se renouvelle et Notre-Dame réitère sa demande. Cette deuxième vision le décide à descendre au village sans attendre, pour transmettre le vœu de la Sainte Vierge aux autorités de Cotignac. Confiants dans la parole de l’honnête bucheron, les habitants, le clergé et les consuls se mobilisent pour lancer la construction de la chapelle demandée par Notre-Dame.

 

Le 14 septembre 1519, jour de la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, toute la paroisse monte en procession au mont Verdaille, emplissant l’air de prières, de bénédictions et de tintements de clochettes. A peine un mois après les apparitions, la première pierre du Sanctuaire est posée. Quelle surprise alors de voir apparaître aux premiers coups de pioches de nombreux ossements, entremêlés d’instruments de supplice. C’est sur la tombe de ces martyrs des premiers siècles que Notre Dame a voulu que soit bâti cet autel en son honneur. Des guérisons miraculeuses ont lieu dès l’ouverture de ce tombeau, et depuis ce jour la source de grâces coulant des mains de la Sainte Vierge ne se tarie jamais pour les pèlerins de Cotignac. Deux ans après, le Pape Léon X reconnut par une Bulle le sanctuaire marial et y encouragea la prière.

 

500 ans plus tard, que devons-nous retenir du message de Cotignac ? Dans ce petit village perdu au milieu de la Provence, Notre Dame a choisi d’apparaitre en majesté à l’aube de l’hérésie luthérienne. Alors que le feu de la révolte s’apprête à déferler sur l’Europe, Marie rappelle à la France qu’elle est la Mère de Dieu. A travers le nom de ce sanctuaire, elle se présente comme médiatrice de ses grâces, et, à l’image de l’Enfant Jésus qui repose paisiblement en ses bras, Dieu a mis en elle toute sa confiance. Mère de Dieu, elle est de fait Mère de l’Eglise, qui à Cotignac commande au clergé. Ordonnant aux consuls, elle rappelle les premiers devoir de l’état chrétien, protecteur de l’Eglise et défenseur de la Foi.

 

Cinq siècles sont passés, les erreurs protestantes ont gagné jusqu’aux plus hautes instances de l’Eglise, notre société sécularisée a oublié ses promesses… La Sainte Vierge est la reine victorieuse de toutes les hérésies, elle en est le remède, et le redressement de l’Eglise et de nos sociétés ne se fera pas sans son aide. Que ce pèlerinage soit l’occasion d’implorer la Vierge Marie de venir au secours de la Sainte Eglise et de rappeler à la France sa mission divine.


Le Dauphin que Dieu veut donner à la France

Si Cotignac est longtemps resté éloigné du monde, à l’écart des grandes routes, comme tant de petits villages français, la Providence n’en a pas moins choisi ce petit village pour intervenir directement dans l’histoire du royaume de France. Car la plus retentissante des grâces de Notre Dame fut accordée au roi Louis XIII et à la reine Anne d'Autriche et, en leurs personnes, à toute la France. Car en ce début de XVII° siècle, la couronne de France se trouve sans héritier mâle, et le couple royal peine à concevoir un dauphin. 

 

Le 27 octobre 1637, tandis qu'il était en prière, le Frère Fiacre, augustin déchaussé de Paris, eut une soudaine révélation intérieure : la reine devait demander publiquement qu'on fît en son nom trois neuvaines de prières à la Sainte Vierge, et un fils lui serait donné : la première neuvaine en l'honneur de Notre-Dame de Grâces en Provence, la seconde de Notre Dame de Paris, la cathédrale, et la troisième de Notre Dame des Victoires, l'église de son couvent. Parant au scepticisme de ses supérieurs, la Sainte Vierge Marie apparait de nouveau au Frère Fiacre six jours plus tard, lui montrant dans ses bras un enfant vagissant, en lui disant :

 

« N'ayez pas peur, je suis la Mère de Dieu et l'enfant que vous voyez est le Dauphin que Dieu veut donner à la France. »

 

Et Frère Fiacre vit alors avec précision le chœur du sanctuaire de Notre-Dame de Grâce ; il en informa immédiatement ses supérieurs qui, comme lui, ne s'étaient jamais rendu à Cotignac. On consulta des amis qui avaient fait le pèlerinage : les descriptions concordaient parfaitement.

 

Informée très rapidement, la reine se mit à croire en la réalisation de ces promesses du Ciel et commença les trois neuvaines le 8 novembre 1637. Elle les acheva le 5 décembre, soit neuf mois exactement avant la naissance du futur Louis XIV, que ses parents prénommèrent « Louis Dieudonné », et qui vint au monde le 5 septembre 1638. Louis XIII lui-même reconnut la puissante intercession de la Reine des Cieux dans la naissance de son fils, et n'hésita pas à écrire, dans sa lettre aux ambassadeurs annonçant l'heureux événement :

 

« Tout ce qui a précédé la délivrance de la reine, le peu de durée de son travail et toutes les circonstances de la naissance du Dauphin font voir que ce fils lui est donné de Dieu par la puissante intercession de la Sainte Vierge. »

 

Cette grâce insigne accordée au couple royal est l'une des causes du « vœu de Louis XIII », signé par le roi le 10 février 1638, et qui consacrait la France à la Sainte Vierge. C'est ce vœu que nous renouvelons chaque année le 15 août, en la fête de l'Assomption. 

 

Faisons de ce pèlerinage une occasion pour méditer sur l’intervention perpétuelle de la Providence dans l’histoire de notre pays. Comme Sainte Jeanne d’Arc, qui s’est fait le bras de Dieu venant recouronner son lieutenant, Notre-Dame de Grâces vient rappeler au roi de France que son pouvoir et sa charge sont fruit de la volonté divine. Par nos prières, faisons en ces jours l’assaut du ciel afin d’implorer Notre-Seigneur de rétablir Son règne sur notre nation. France, fille ainée de l’Eglise, souvient toi des promesses de ton baptême !


"Je suis Joseph, enlève-le et tu boiras"

Le 21 février 1660, en route pour Saint-Jean-de-Luz où il devait épouser le 9 juin suivant Marie-Thérèse d’Autriche infante d’Espagne, le Roi Louis XIV s’arrêta à Cotignac pour témoigner sa reconnaissance à Notre-Dame de Grâces à qui il devait sa naissance. Le 7 juin 1660, après la rencontre des rois de France et d’Espagne sur la frontière commune, Marie-Thérèse entra en France pour devenir l’épouse de Louis XIV comme l’avait prévu le traité des Pyrénées qui ainsi rétablissait la paix entre les deux pays et dans la France elle-même.

 

Le 7 juin 1660, le jour même où Louis XIV accueille l’Infante d’Espagne pour leur prochain mariage à Saint-Jean-de-Luz, sur le Mont Bessillon à Cotignac, un jeune berger assoiffé de 22 ans, Gaspard Ricard, faisait paître ses moutons par une intense chaleur. Épuisé de soif il s’allongea sur le sol brûlant et voici qu’un homme d’imposante stature se tint soudain là près de lui et lui indiqua un rocher en lui disant : 

 

« Je suis Joseph, enlève-le et tu boiras ».

 

La pierre était lourde. Plus tard, huit hommes pourront à peine la soulever. Gaspard crut à une plaisanterie, sachant bien qu’il n’y a pas d’eau à cet endroit, mais le « vénérable vieillard » comme disent les récits de l’époque, réitéra son ordre. Gaspard obéit, déplaça sans peine le rocher et découvrit une eau fraîche qui commençait à ruisseler. Il but avec avidité, mais quand il se releva, il était seul.

 

« C’est tout ; comme dans l’Évangile, saint Joseph n’est pas bavard. Rien de plus simple, de plus pauvre que cette intervention, qui est, à ma connaissance, la seule apparition de ce genre de saint Joseph dans l’histoire de l’Église, sur une terre que s’était réservée Notre-Dame ». (Mgr Barthe, évêque de Fréjus-Toulon. Lettre pastorale du 1er février 1971)

 

Gaspard ne doute pas de la réalité du fait, les habitants de Cotignac non plus. Sans plus attendre, Gaspard Ricard va porter la nouvelle au village, et les curieux arrivent. Trois heures après l’événement en un lieu que tous savent être dépourvu de source, une eau abondante s’écoule. Avec une extraordinaire rapidité la nouvelle se répand, les pèlerins se rendent à la fontaine de tous les endroits de la province et des pays environnants, des infirmes et des malades de toutes sortes dont la plupart s’en retournent guéris ou bien consolés dans leurs infirmités. Les rassemblements sont considérables et après la construction immédiate d’un oratoire sur le lieu même de l’apparition, une chapelle plus vaste est consacrée en 1663, celle que nous voyons aujourd’hui avec sa poutre de gloire portant le texte du Prophète Isaïe si évocateur en ce lieu :

 

« Venez puiser avec joie aux sources du Sauveur », « Haurietis aquas in gaudio de fontibus Salvatoris ».


Saint Maximim, apôtre de la Provence

Les traditions rapportent que Saint Maximin était du nombre des premiers disciples de Notre-Seigneur Jésus-Christ, parcourant les villes de Palestine pour annoncer la bonne nouvelle et baptiser en son nom. Après son Ascension, les apôtres, les disciples et les saintes femmes se retirèrent au Cénacle jusqu’à la Pentecôte. Saint Maximin reçut l’Esprit-Saint à la Pentecôte, en guise de sacrement de Confirmation, mais on ne sait quand il fut sacré évêque.

 

Vers l’an 35, les juifs se saisirent des plus proches de Notre-Seigneur, dont Saint Lazare et Sainte Marie-Madeleine, ainsi que certain de ses disciples, parmi lesquels on retrouve Saint Maximin. Les juifs les jetèrent ensembles dans une barque avariée, et ils la larguèrent, sans rames ni voiles, au gré de la Méditerranée. Nul doute que les Anges protégèrent l’embarcation qui arriva en Provence, donnant leur nom aux Saintes-Maries-de-la-Mer. La nouvelle de cette arrivée courut jusqu’à Marseille où les Phocéens virent dans la survie de ces rescapés un signe divin. Cette heureuse disposition engagea le restant de la troupe à évangéliser le port provençal. Sainte Marie-Madeleine y fit sa première prédication auprès des païens. Dès les premiers jours, plusieurs demandèrent le baptême et le gouverneur et son épouse se convertirent, entamant ensuite la destruction des temples païens. Saint Lazare deviendra le premier évêque de Marseille.

 

Le restant de la troupe poursuivit sa course à Aix-en-Provence. Saint Maximin y fit des miracles, devenant ensuite le premier évêque de la cité. Sainte Marie-Madeleine se retira quant à elle au cœur de la Ste-Baume, une caverne élevée et retirée du monde où elle demeura trente ans sous la juridiction de Saint Maximin. Au terme de sa vie terrestre, les Anges portèrent Sainte Marie-Madeleine de la Ste-Baume à Aix, à l’oratoire édifié par Saint Maximin, lequel vit la sainte en lévitation et le visage transfiguré. Elle lui demanda le St-Viatique. Impressionné, Saint Maximin n’osa approcher d’elle, mais elle lui rappela qu’ils arrivèrent ensemble à Marseille, et qu’elle n’était qu’une pécheresse à qui Dieu avait accordé tout ce temps pour faire pénitence. Célébrant la Messe, Saint Maximin la communie et la bénit, et elle rendit son âme à Dieu. De son corps exhalait une odeur suave ; il fut porté par les prêtres en procession jusqu’à la chapelle de Villa Lata où il fut enseveli dans un sépulcre d’albâtre.

 

C’est autour de l’emplacement de cette ancienne Villa que le village de Sainte-Maximin-la-Sainte-Baume se développera progressivement au cours des temps féodaux. Ce n’est qu’au XIII° siècle que des fouilles lancées à l’initiative de Charles II d’Anjou, grand dévot de Sainte Marie-Madeleine, conduisent à la découverte des tombeaux de Sainte Marie-Madeleine et Saint Maximin. La crypte avait été enseveli au VIII° siècle, dans la crainte des Sarrasins qui dévastaient la région, mais le culte des saints y était resté vivace. C’est sur les lieux mêmes de cette découverte que Charles II décida de faire construire la Basilique connue de nos jours comme le troisième tombeau de la chrétienté.


Sainte Marie Madeleine

Sainte Marie Madeleine est l’une des plus grandes saintes de l’Evangile.

Elle y est tout d’abord décrite comme une pécheresse, délivrée de 7 démons par Jésus.

Suite à ce miracle, elle est devenue une de ses disciples les plus fidèles. Elle est aussi présentée comme la femme qui a versé du parfum sur les pieds de Jésus.

 

“Alors Marie, prenant une livre d’un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux; et la maison s’emplit de la senteur du parfum.”

 

Sa fidélité sera remarquée par les évangélistes, car il sera indiqué dans les évangiles qu’elle est restée au pied de la Croix, côte à côte avec la Sainte Vierge et Saint Jean.

 

C’est aussi elle qui brava l’interdit de Pilate, en allant embaumer le corps de Jésus le matin du 3ème jour après le Sacrifice de Jésus sur la Croix.

Sainte Marie Madeleine est souvent présentée comme un modèle de conversion, passant de pécheresse à disciple aimant et fidèle.

 

Elle qui était une pécheresse, elle est devenue une des figures les plus pures de la tradition chrétienne. L’Evangile nous en parle plus que de certains Apôtres. 

Face à cet exemple de conversion, aurons-nous trop d’orgueil pour reconnaître notre condition de pécheurs ?

 

“Vous qui fûtes guérie et sauvée par Jésus, rendez notre âme resplendis­sante de la beauté même de Dieu. Vous qui avez connu les larmes et répandu le parfum de l’amour, consolez tous ceux qui souffrent par le baume versé de la surnaturelle charité.”